Les chrétiens ont une visée fondamentalement missionnaire. Ils sont donc en principe favorables à toute traduction. Leur Bible fondatrice, la Septante grecque, est d'ailleurs une traduction. La malédiction que signifie l'éclatement linguistique de la Tour de Babel (Genèse 11, 1-9), est nettement effacée ou compensée par le don des langues de la Pentecôte (Actes 2, 1-12). Dans la pratique, le problème des langues se pose aussi à eux, particulièrement lors des missions hors des frontières de l'Empire. Des difficultés naissent lors de fondations d'Eglises nationales aspirant à une rapide indépendance.
Des questions comme celles-ci se posent: telle ou telle langue (hébreu, le grec ou le latin) a-t-elle un droit historique d'exclusivité en raison d'un choix divin? Y a-t-il des langues habilitées à transmettre le message chrétien révélé? Etc. Chez Isidore de Séville (†636) et chez d'autres, apparaît l'idée d'un statut particulier de l'hébreu, du grec et du latin, les trois langues figurant sur l'écriteau de la croix de Jésus. Plus tard, l'évolution de la situation modifie les rapports linguistiques, même symbolique: l'hébreu réservé aux juifs surtout, n'a plus que des droits historiques; le latin devient la langue savante de tout l'Occident et le grec, langue d'usage, ne domine plus les autres langues orientales. Le latin est bientôt et pour des siècles la langue biblique quasi officielle de l'Eglise romaine.
Au IXe siècle, les apôtres des Slaves, Cyrille et Méthode, se heurtent à des difficultés graves de la part des autorités latines pour traduire la Bible en slavon.